La géo-ingéniérie ? Vous connaissez ? Au fur et à mesure que l'on avance dans le temps, certains pensent que les chances de changer et de réduire nos émissions de CO2 à temps deviennent de plus en plus minces. Alors, la géo-ingéniérie est proposée comme solution possible... à vous de juger...
L'accord global qui doit être trouvé à Copenhague pour succéder, à compter de 2013, au protocole de Kyoto, devra, pour avoir une efficacité quelconque, être réellement contraignant. Il y a urgence ! Rappelons qu'un Français émet en moyenne annuellement environ 9 tonnes d'équivalent CO2, un habitant de l'Union européenne (à 27) 10,3 tonnes et un Américain 23,5 tonnes....
Pour stabiliser le niveau de concentration des gaz à effet de serre à l'horizon 2050 - niveau qui supposerait une augmentation de température déjà élevée, comprise entre 2,8 et 3,2°C - il conviendrait que les émissions de chaque habitant de la planète ne dépassent pas, à cette date... 2,5 tonnes de CO2eq.
Les faiseurs de pluie...
Si le terme «géo-ingénierie» est assez récent, l'idée, elle, n'est pas vraiment nouvelle. En gros, la géo-ingéniérie, c'est la manipulation délibérée et à grande échelle de l'environnement planétaire afin de contrecarrer le changement climatique...
La géo-ingénierie comprend deux grands types de méthode: celles visant à capturer et séquestrer le CO2, généralement assez peu porteuses d'incertitudes et de risques (puisqu'elles visent à ramener la concentration de gaz à effet de serre à un niveau connu antérieurement, si possible pré-industriel) mais lentes à produire leurs effets (plusieurs décennies), et celles visant à occulter ou dévier une partie du rayonnement solaire, qui sont souvent d'effet quasi-immédiat mais comportent davantage de risques et d'incertitudes.
Dans la première catégorie, on peut citer, par exemple, les politiques d'afforestation de plantation de certains types de végétation, le stockage géologique du carbone, la capture du carbone par le phytoplancton (grâce à la «fertilisation» des océans), diverses technologies industrielles de capture du CO2 présent dans l'air ambiant etc...
Dans la seconde catégorie, on peut mentionner l'augmentation de la réflectivité de la surface de la Terre (donc la baisse de température) obtenue en repeignant en blanc ou dans des couleurs claires l'ensemble des infrastructures humaines (routes, trottoirs, toits des immeubles etc.), ou en installant des surfaces réfléchissantes dans les déserts chauds. On peut également citer l'augmentation du pouvoir réfléchissant des nuages par la pulvérisation d'eau salé dans l'atmosphère (afin d'augmenter la condensation des gouttes d'eau des nuages et donc de «blanchir» ces derniers) ou la mise en orbite d'un pare-soleil planétaire (constitué par exemple d'innombrables petits miroirs) pour dévier une partie du rayonnement solaire.
On évoque aussi la diffusion dans la stratosphère de particules sulfatées renvoyant dans l'espace une partie de la lumière du Soleil. Cette solution, qui revient à recréer les effets d'une éruption volcanique, peut apparaître, à certains égards, comme la plus prometteuse... et la plus risquée aussi... (L'éruption du Pinatubo en 1991 avait conduit à faire baisser la température d'un demi degré dès l'année suivante.)
Aucune des solutions passées en revue par la Royal Society n'apparaît, pour l'heure, à la fois efficace, rapide, sûre et bon marché. Même si le recours à la géo-ingénierie doit rester une solution de dernier recours, il convient, indique-t-elle, de s'assurer qu'en cas de besoin (emballement du climat, incapacité de la communauté internationale à diminuer les émissions anthropiques de CO2), nous disposions d'un «plan B» qui fonctionne.
Un partisan fervent de la géo-ingénierie, Jay Michaelson, formulait ainsi, en 1998, dans le Stanford environmental Law Journal, le problème auquel risquent de se trouver confrontés les écologistes: « [...] Accepter de sauver la nature par un moyen «contre-nature» ou refuser catégoriquement de «jouer les apprentis sorciers», quitte à voir disparaître ce pour la protection de quoi on se bat?
Cruel dilemme, sans doute...
Source : Baptiste Marsollat - Slate.fr