La taxe carbone ne sera pas française... Promise par le Président de la République, qui en avait fait un projet phare et qui devait placer la France comme un exemple à suivre en matière de lutte contre le réchauffement climatique, elle a été balayée hier par le premier ministre.
Explication : La taxe carbone ne pourra pas être mise en place en France tant qu'un dispositif similaire ne serait pas mis en œuvre au sein de l'Union européenne, sous peine de mettre en danger la "compétitivité" des entreprises françaises...
Au lendemain des élections régionales, le gouvernement a préféré plaire. Plaire aux patrons des grandes industries, plaire à l'opinion publique qui n'avait pas envie d'un impôt supplémentaire.
Pour la Fondation Nicolas Hulot, cette déclaration est incompréhensible, et marque une vraie rupture dans l’ambition française en matière de protection de l'environnement. Un choix qui privilégie clairement les égoïsmes d’aujourd’hui à des choix structurants pour la France de demain. L’économie verte, créatrice d’emploi, de bien être et de respect de l’environnement a sérieusement du plomb dans l’aile. L’abandon de l’esprit du PACTE écologique et du Grenelle de l’Environnement serait une catastrophe sur des sujets qui engagent les générations futures...
Si cet abandon inquiète les écologistes, le Medef et les agriculteurs sont, eux, satisfaits. De son côté, Daniel Cohn-Bendit estime que Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno peuvent «démissionner».
Chantal Jouanno qui justement a été l'une des premières à réagir, expliquant être «désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme qui l'emporte» dans un entretien accordé à l'AFP.
«Je ne suis pas en phase avec cette décision», a-t-elle expliqué. «C'était possible de le faire en France (initialement prévu pour le 1er juillet, ndlr) avant de le faire en Europe. C'est ce qu'on avait prévu à l'origine, c'est ce que d'autres pays comme la Suède ont fait», a-t-elle expliqué. «C'est vrai que ce n'était pas parfait, qu'on aurait pu améliorer le texte, notamment concernant les particuliers pour qu'on puisse aider beaucoup plus les personnes à s'adapter», a-t-elle encore souligné.
Le Réseau action climat, qui regroupe des associations comme Greenpeace ou le WWF, a adressé mardi une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy pour faire part de son hostilité à l'abandon de la taxe.
«La taxe carbone n'est plus, et de votre promesse, il ne reste rien. Les associations sont scandalisées par le mépris qui caractérise cette décision», peut-on lire dans cette lettre.«Entre la frénésie pro-environnementale des premiers mois de votre mandat et le déni qui caractérise votre politique actuelle, il ne s'est écoulé que trois ans. Que nous réservez-vous pour demain ? L'abandon du Grenelle ou de ce qu'il en reste ?».
GC.