Les lobbies financiers semenciers n'auront donc pas pesé suffisamment pour aller contre l'intérêt général. Vendredi soir dernier, un communiqué de Matignon annonçait la décision de suspendre les cultures d'OGM en France et d'activer la clause de suspension sur le MON 810, produit par la firme Monsento et cultivé l'an dernier sur 20 000 hectares, soit 0.75% de la culture de maïs totale.
Cette décision du gouvernement arrive après que la haute autorité provisoire sur les OGM ait rendu ses premiers résultats scientifiques soulignant des faits scientifiques nouveaux.
On sait aujourd'hui que, contrairement à ce qu'annonçait les semenciers, la dispersion du pollen peut se faire sur de grandes distances et ne pas s'arrêter à la limite du champs cultivé. La contamination des OGM sur une culture OGM ne peut être empêchée.
Les scientifiques démontrent aussi l'impact des OGM sur des insectes non ciblés par le pesticide contenu dans le maïs OGM ainsi que sur la faune, comme les vers de terre. C'est dans ce cas une atteinte supplémentaire à la biodiversité...
D'une manière générale, le comité scientifique souligne un manque de connaissance et demande de nouvelles recherches et des études à long terme, notamment, épidémiologiques, (impact sur la santé des personnes), qui ne sont pas réalisées aujourd'hui. Dernière remarque de la haute autorité, les avantages des OGM en terme de réduction de l'utilisation des pesticides ne semblent pas suffisants.
La France rejoint donc l'Autriche, la Hongrie et la Grèce, qui ont invoqué aussi cette clause de sauvegarde. L'Allemagne avait invoqué cette même clause et l'a retirée fin 2007.
Le dossier va maintenant être transmis à la commission européenne, qui devra se prononcer sur ce moratoire français. De fait, les états européens sont aujourd'hui réticents à accepter les OGM et la France vient donc renforcer le courant existant.
Après l'éco-pastille, c'est la deuxième décision de poids issue du Grenelle de l'environnement. Décision qui est applaudie par les ONG environnementales et les élus verts, et décriée par Monsento (!) et la FNSEA qui qualifie la décision d'affligeante... A noter que d'autres syndicats de paysans saluent l'arrêt de la culture d'OGM en France. José Bové à arrêté lui sa grève de la faim samedi en buvant un bol de soupe...
"Ca ne veut pas dire que la France ne doit pas participer à la recherche sur les OGM, ça ne veut pas dire qu'il n'y pas un avenir avec les OGM. Ca veut simplement dire que lorsque le principe de précaution est en jeu, je fais le choix politique majeur de porter notre pays à l'avant-garde du débat sur l'environnement", a indiqué Nicolas Sarkozy.
A lire : Plaidoyer pour une interdiction - Susan George pour le Monde diplomatique
GC.