Ça n'est pas la première fois que NKM s'exprime via la toile... elle l'a fait à plusieurs reprises et même sur The Green PostBox.com . Hier, à l'occasion de la première journée de présidence européenne de la France, elle répondait aux internautes sur le site de l'Express.fr.
Pourquoi avoir supprimé la vignette pour la réinventer avec le malus qui va revenir tous les ans ?
NKM : Ce n'est pas la même chose. La vignette, en fait, était organisée pour servir de financement. Elle n'était pas assise sur des objectifs environnementaux ; plus la voiture était polluante (plus elle était vieille), moins on payait. Là, les voitures les plus polluantes payent pour les voitures les moins polluantes. Et le malus supplémentaire est un petit plus annuel sur ces voitures-là seulement. La bonne nouvelle, c'est que ça marche, même mieux que prévu, raison pour laquelle, cette première année, le bilan est déséquilibré, il va falloir recaler.
Voulez-vous obliger les autres pays à se mettre au bonus-malus écolo ?
NKM : C'est un instrument qu'on promeut d'abord en France, sans attendre que d'autres pays se joignent à nous. On l'a lancé sur les voitures, et on va lancer avant fin 2008 des bonus-malus sur d'autres produits. Cela dit, j'ai pu observer que notre démarche intéresse beaucoup nos partenaires européens. Assez vite, on va faire des émules.
Quels pays européens vous semblent exemplaires dans le domaine de l'environnement ?
NKM : Je ne pense pas qu'il y ait un pays exemplaire en tout. C'est plutôt thématique par thématique qu'il y a des expériences à reprendre. Par exemple, les pays scandinaves sont très bons sur la fiscalité environnementale, l'Italie a bien développé l'agriculture bio, l'Espagne a une politique très volontariste sur le développement des énergies renouvelables. C'est vrai aussi à l'Est. La Slovénie a une politique de protection de ses forêts de grande qualité.
Comptez-vous enfin interdire les OGM au niveau européen ?
NKM : Nous avions demandé que soient révisées au niveau européen les procédures d'évaluation et d'autorisation des OGM. Le système actuel n'est pas satisfaisant, il y a très peu de subsidiarité, l'essentiel est décidé à Bruxelles selon des procédures contestées. Sur cette demande, nous avions reçu le soutien d'une majorité d'Etats membres. Mais c'est un dur combat. Nous allons profiter de la présidence de l'UE pour le poursuivre. Dès le 3 juillet, au Conseil environnement, à Saint-Cloud, on parlera des OGM.
Le Grenelle de l'environnement n'a encore rien donné de concret en France. Quand cela va-t-il commencer ?
NKM : Je ne suis pas d'accord. Beaucoup des dernières décisions prises en faveur de l'environnement procèdent du Grenelle : bonus-malus pour les voitures, clause de sauvegarde sur les OGM, conventions sur la réduction des nuisances aériennes... En revanche, ce qui est vrai, c'est que jusqu'à maintenant, nous n'avions pu mettre en œuvre que ce qui n'était pas législatif. C'est à l'automne que nous discuterons des lois Grenelle. Ce sera la première loi inscrite au moment de la rentrée parlementaire au début du mois d'octobre. Par ailleurs, les dispositifs fiscaux nécessaires à sa mise en œuvre sont intégrés dans la loi de finances qui sera aussi votée à l'automne.
Et si on exagérait à propos du climat ? Comment pouvez-vous être si sûre du réchauffement climatique qui est pourtant contesté par des scientifiques ? C'est du catastrophisme gratuit...
NKM : Je ne suis pas d'accord avec vous. L'immense majorité des climatologues sont maintenant d'accord pour dire que le climat change sous le coup des activités humaines, et qu'il change même plus vite que prévu. Les seules zones d'ombre qui subsistent portent sur les effets du changement climatique région par région et sur ce qu'on appelle les "surprises" climatiques (inversion de courants marins...)
A Paris, Delanoë fait beaucoup pour l'environnement. Ne trouvez-vous pas qu'il est sur la bonne voie ?
NKM : Il y a des choses bien. Mais ce qui serait vraiment efficace, ce serait d'avoir une politique intégrée avec la petite et même la grande couronne. Permettez à l'élue d'une ville de grande couronne, Longjumeau, de s'exprimer ici. Il y a beaucoup de transports en commun à Paris et le tramway c'est sûrement formidable, mais quand on vient de Longjumeau, ça ne résous pas forcément le problème. Il faudrait que l'argent de la région, qui vient de l'impôt de tous les Franciliens, serve un peu à tout le monde, notamment à ceux qui ont le plus de difficultés en matière de transports.
Beaucoup de marques se disent écologiques à peu de frais, alors qu'elles ne changent rien à leurs habitudes dans le fond. Ne serait-il pas judicieux de punir ceux qui exagèrent ?
NKM : C'est vrai que le développement durable est devenu un argument et que souvent, c'est surtout du marketing. C'est une vraie difficulté, parce que pour punir, il faut d'abord avoir des critères partagés, acceptés, validés, et le développement durable se met difficilement en critères. On en développe progressivement, et il faut apprendre à y être attentif. C'est pour le bâtiment le HQE (haute qualité env), le BBC (bâtiment basse consommation) ou le BEP (bâtiment à énergie positive). C'est aussi pour les énergies renouvelables des normes comme Qualisol pour le solaire ou pour les produits de grande consommation, le label NF environnement ou l'écolabel européen. Il y a une journée annuelle de communication sur ces écolabels, mais nous n'avons pas encore réussi à diffuser suffisamment cette information.
Pourquoi ne pas interdire la pub pour les véhicules les plus polluants ?
NKM : C'est un grand sujet que la réglementation de la publicité. On a fait le choix dans le Grenelle et dans un premier temps de la corégulation avec les publicitaires. Autrement dit, on discute ensemble avec les associations en amont. C'est mieux que l'autorégulation (les publicitaires seuls) qu'il y avait avant. Mais si ça n'était pas suffisant, il faudrait passer à une étape plus stricte.
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GC.