le Grenelle de l'environnement arrive aujourd'hui sur les pupitres des députés. Le texte semblait jusqu'à présent faire totalement consensus au niveau de la consommation énergétique des bâtiments et de la production de gaz à effet de serre.
L'objectif de performance des constructions neuves en termes de consommation d'énergie, fixé à 50 kilowattheures par mètre carré à partir de 2012 et promis jusqu’à présent par Jean-Louis Borloo après un compromis subtil, avait presque entièrement satisfait tous les participants aux groupes de travail.
Et voici qu'un amendement vient relancer le débat entre les partisans du simple "consommer mieux" (énergies moins polluantes) et les partisans de l'économie d'énergie pure et simple. L'amendement Ollier, du nom du président de la commission, Patrick Ollier, entend en effet relever le seuil de consommation. Pour rappel, le député Ollier est le même qui avait chargé NKM en avril dernier et qi avait fait reculer les propositions de fiscalité vertes le mois dernier.
Dans un communiqué commun publié vendredi, intitulé "Au secours Ollier m'a tuer !", les associations Isolons la Terre contre le CO2, négaWatt et le collectif Effinergie enfoncent le clou :
" Cet amendement vient menacer toute la cohérence du Grenelle pour les bâtiments ".
Par la réglementation thermique 2012, on pourra se contenter de construire des bâtiments neufs équipés de chauffage électrique consommant 120 kWh/m²/an. Ces bâtiments pourront avoir des enveloppes (murs, fenêtres) beaucoup moins bien isolées. Or la qualité de l’enveloppe du bâtiment est une priorité puisqu’elle est là pour cinquante ans voire plus.
Extrait du communiqué - Les conséquences désastreuses de cet amendement :
> "nous n'avons qu'un seul problème : la lutte contre le réchauffement climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre"
Faux ! L’efficacité énergétique est reconnue par l’Union Européenne comme un enjeu tout aussi
important : nous devons réduire toutes nos consommations d’énergie parce que la pénurie des
ressources est proche.
> "l’énergie électrique doit être privilégiée car elle n’émet pas de CO2 et garantit l’indépendance énergétique de la France"
Vrai en théorie, faux en pratique ! L’électricité d’origine nucléaire ne permet pas de couvrir les besoins lorsque le chauffage électrique génère les pointes dans la demande. Pour couvrir ces besoins en période de pointe, notre pays consomme de l’électricité produite dans des centrales thermiques, en France ou importée d’Allemagne. Cette électricité d’origine thermique émet en moyenne 600 g de CO2/kWh, soit trois fois plus qu’une chaudière à gaz.
> "Si l’on ne favorise pas le conv ecteur électrique, on tue le chauffage électrique au profit du chauffage au gaz"
Faux ! Ce n’est pas le chauffage électrique qui est en cause mais uniquement l’utilisation archaïque et spécifiquement française du convecteur. En effet, pour chauffer des logements très bien isolés, des pompes à chaleur de très faible puissance existent : l’avenir est là, dans ces systèmes thermodynamiques capables de consommations ridiculement faibles en hiver, et capables aussi d’apporter un confort supplémentaire en été.
Source : Le Moniteur - Merci à Jonathan pour l'alerte...
GC.