L'éventuelle nomination de Claude Allègre au gouvernement serait "un bras d'honneur aux scientifiques" et "un signal tragique", six mois avant le sommet de Copenhague où doit être conclu un accord mondial sur le climat, a estimé Nicolas Hulot samedi, s'exprimant dans le Journal du Dimanche.
"Je n'ai rien personnellement contre l'homme Claude Allègre, j'ai même déjeuné avec lui. L'homme est sincère quand il dit qu'il ne croit pas à l'origine humaine du changement climatique, et qu'il se refuse donc à mobiliser contre ce phénomène."
"Le problème, c'est qu'il n'est pas un iconoclaste sans audience", dit-il. "Il ne pense pas la même chose que les 2.500 scientifiques du GIEC, qui mettent le monde en garde contre la catastrophe, c'est son droit. Mais s'il devait être recruté au gouvernement, ça deviendrait une politique, et ce serait un bras d'honneur à ces scientifiques...
Ce "serait un signal tragique, six mois avant la conférence de Copenhague, et quelque chose d'incompréhensible venant de la France, qui a été un pays moteur depuis des années dans le combat climatique !"
"Si Nicolas Sarkozy fait vraiment ce choix, il faudra que chacun en tire les conséquences", conclut Nicolas Hulot.
Cette nomination constituerait un « contre-signal formidable », a estimé, hier, Alain Juppé. « La personne n'est pas en cause, a-t-il précisé, mais ses thèses sont bien connues : pour lui le réchauffement climatique n'est pas dû à l'activité humaine. Il est quasiment le seul à penser cela. »
Pour Jean Jouzel, un des plus éminent climatologue français, cette éventualité est dérangeante. "Allègre affiche un certain mépris pour la communauté de chercheurs scientifiques. Intégrer dans un gouvernement un ministre qui nie la réalité du changement climatique et les résultats de la communauté scientifique, c'est un signe très fort. Un signe qui n'est pas compatible, je le crains, avec l'actuel laboratoire qu'est le Medad, le grand ministère dirigé par Jean-Louis Borloo."
"Si demain, il hérite d'un ministère où l'innovation joue un rôle central, quelle politique jouera ce ministère alors que la réalité du changement climatique doit irriguer un nombre de choix cruciaux et radicaux dans l'industrie et les nouvelles technologies ?".
Source : AFP/Libération.fr