Europe-Ecologie et son champion Daniel Cohn-Bendit ont remporté une victoire éclatante aux européennes de dimanche, avec un score de plus de 16%, et dans bien des régions, arrivant même en deuxième position devant le PS.
Le pari des fameux "10 plus X" pronostiqués par M. Cohn-Bendit qui avait déjà mené les Verts en 1999 (9,72%), est gagné. Et de loin, avec environ 16% des voix selon les estimations. L'Alliance écologiste indépendante d'Antoine Waechter et Francis Lalanne recueillerait 3,7%, selon OpinionWay, ce qui porterait le vote "écolo" à près de 19%.
"Dany a été une super locomotive. Sans lui, le résultat aurait été incontestablement inférieur", assure l'ex-Greenpeace Yannick Jadot, candidat dans l'Ouest. Dès l'automne, "on était déjà sur la transformation écologique de l'économie, on n'a jamais dérogé à ça, ça paye!", juge-t-il.
Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts, se dit "content du tour de piste fait par Dany pour nous aider à nous relever" après la déroute de Dominique Voynet à la présidentielle 2007 (1,57%).
La diffusion de "Home", une ode à l'environnement de Yann Arthus-Bertrand vue par 8 à 9 millions de personnes sur France 2 vendredi, a aussi été un "vrai coup de pouce", dit-on chez les Verts qui avaient obtenu moins de 8% en 2004.
Pour les Français, "les écologistes ont toujours été perçus comme des Européens, Cohn-Bendit en est l'incarnation et avec Eva Joly, ça a été un couple porteur", affirme Stéphane Rozès (société de conseil CAP) pour qui l'altercation entre MM. Cohn-Bendit et Bayrou jeudi a profité à l'ex-leader de Mai 68.
Pour Philippe Raynaud, professeur de Sciences politiques à l'université Paris-II Panthéon-Assas, "la récupération de José Bové est une belle opération" car l'altermondialiste "a chassé sur les terres du NPA" d'Olivier Besancenot pendant que M. Cohn Bendit, qui est "objectivement beaucoup plus à droite que les Verts français habituels", a "chassé sur celles de Bayrou".
Au départ improbable, "cet attelage ayant tenu dans la cohérence jusqu'à la fin, l'électorat s'est dit que si des personnes aussi diverses arrivaient à s'entendre tout au long d'une campagne c'est qu'elles étaient rassemblées par un contenu, ce qui a été perçu comme efficace par les électeurs", selon M. Rozès.
En tout état de cause, pour M. Raynaud, ce scrutin a permis "un bon renouvellement d'image pour les Verts" mais "le problème est de savoir si ça va dépasser les européennes".
C'est tout l'enjeu de l'après-7 juin pour le parti écologiste dont le Cnir (parlement) se réunit le week-end prochain pour commencer à discuter de la suite du rassemblement.
Environ 13.000 personnes, le double des adhérents Verts, ont signé l'appel Europe-Ecologie durant la campagne. "On veut les garder", explique M. Placé.
Pour lui, il n'y a "aucun tabou sur la question organisationnelle et structurelle" : faut-il "rénover les Verts, faire une confédération, une fédération des partis associés?", s'interroge-t-il. Tout paraît ouvert.
Mais "Dany" qui a porté ce rassemblement, a déjà dit qu'il serait "présent" mais sans être "moteur" de cette transformation.
Cet excellent résultat doit également permettre aux écologistes de bien se positionner pour les régionales prévues en 2010, puis la présidentielle 2012. "On va essayer de transformer l'essai aux régionales", assure M. Placé pour qui "la dynamique d'autonomie des listes écologistes sera forte". Le PS est prévenu.
Source : AFP