Toutes les six secondes, un enfant meurt de faim dans le monde. C'est pour tenter de combattre cette tragédie, qu'une soixantaine de chefs d'Etat participent depuis hier à Rome à un sommet de la FAO, snobé par la quasi-totalité des dirigeants du G8 et accueilli dans un certain scepticisme.
L'Inde compte 30 millions d'affamés en plus par rapport à 2004. Crédits photo : AFP
Pourtant, certaines bonnes volontés sont là. Le Directeur général de la Fao Jacques Diouf, avait entamé samedi soir une grève de la faim de 24 heures afin de lancer un appel à l’élimination de la faim dans le monde et de témoigner sa solidarité avec le milliard d’êtres humains victimes de malnutrition chronique.
Mais les grands dirigeants des pays industrialisés, le G8, ont choisi de ne pas se rendre à Rome...
Seul Silvio Berlusconi a prévu de s’y rendre, en voisin et (peut-être parce que cela lui permet d’échapper à la réouverture d’un procès à son encontre, prévu à Milan). Une soixantaine de chefs d’Etat seront donc réunis, principalement venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, à l’invitation de l’organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO)...
Il est urgent d'agir sur les causes profondes de la crise alimentaire mondiale
La malnutrition frappe désormais un milliard d'êtres humains, un niveau encore jamais atteint dans l'histoire de l'humanité. Sur ce milliard, près de 650 millions vivent en Asie du sud, 265 millions en Afrique subsaharienne, 53 millions en Amérique latine, le reste se répartissant entre le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et les pays développés.
Bien entendu, les premières victimes de la malnutrition sont les plus vulnérables des humains. Près de 200.000 enfants perdent la vue chaque année d'une carence en vitamine A; la déficience en iode frappe à des degrés divers plus de 300 millions d'enfants à travers le monde, alors que la quantité d'iode nécessaire à une vie entière tient dans une cuillère à café...
Qu'espérer alors du sommet de Rome ? Peut être une prise de conscience, une seule: la famine est politique. Elle relève avant tout de décisions aberrantes qui se sont succédé depuis plus de quarante ans et que seuls les politiques peuvent modifier.
Les causes de la situation nutritionnelle de la planète sont d'abord à rechercher du côté du modèle «industrialiste» de l'agriculture qui a misé l'essentiel des investissements, y compris dans les pays du sud, sur les productions agricoles «de rente» au détriment des cultures vivrières. A lire à ce sujet, un article de Claire Brisset sur Slate.fr
Pour résorber la faim, la planète devrait produire, selon la FAO, 70 % d'aliments en plus d'ici à 2050. Les experts s'accordent à penser que cela est possible, à condition de mettre l'agriculture et la lutte contre la malnutrition au centre des priorités.
Source : Le Figaro, Slate.fr, AFP